Bilan ressources / usages pour le bois-énergie

Thème : 25-Approvisionnement - Ressources
Editeur ou Commanditaire : CIBE
Auteur : CIBE
Nombre de pages : 77
Année d'édition : 2023
Nature du document : Pdf
Comment se procurer le document : Payant (Adhésion au CIBE)
Lien :
Bilan ressources / usages pour le bois-énergie . Contenu réservé aux adhérents

Etude soutenue par France Bois Forêt et le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire.

 

RESUME
Les statistiques du bois énergie représentent un enjeu croissant pour un ensemble de raisons :

  • Le bois énergie demeure la première source d’énergie renouvelable en France.
  • L’évolution des ambitions en matière de transition énergétique et celle du cadre réglementaire européen renforcent la nécessité de données statistiques précises sur les différentes ressources de bois mobilisées pour la production d’énergie.
  • Certains coproduits de la transformation du bois mais aussi plusieurs catégories de bois usagés ont plusieurs valorisations possibles, énergétiques ou non. Différents secteurs ont ainsi en commun une partie de leurs  approvisionnements. Des chiffres fiables sont nécessaires pour mesurer l’impact potentiel sur les marchés qui en résultent.
  • De nouveaux usages massifs de la biomasse sont attendus pour décarboner des secteurs comme celui de l’aviation, du transport maritime et des industries à fort impact carbone. Le pilotage des politiques publiques en la matière nécessite des données détaillées sur la production et les consommations de produits dénommés « résidus de bois », d’autant plus recherchés qu’ils sont, par convention, considérés sans signature carbone.
  • Le bois énergie et son développement sont devenus l’objet de débats sociétaux qui ne peuvent être tenus de façon rationnelle qu’avec des chiffres suffisamment étayés pour mesurer des évolutions au fil des années.

Le bois énergie, dans ses multiples présentations, est, à chaque fois, un coproduit des filières forêt bois-papier, généré
par différents maillons et types d’opérateurs, dans un ensemble foisonnant où la production et le commerce informel conservent une place importante, à côté de circuits très structurés et rendant des comptes précis sur des incitations publiques dont ils bénéficient.

Cette étude dresse l’inventaire des ressources, des combustibles, des usages mais aussi des statistiques et des études quantitatives qui les caractérisent, ainsi que des organismes qui collectent et traitent les données.

Du côté de la forêt et du bois existe l’enquête annuelle de branche « Exploitations forestières et scieries » (EXF-SRI)  menée par le Service de la statistique et de la prospective (SSP) du Ministère de l’agriculture et de la souveraineté  alimentaire (MASA). Elle permet de connaître le volume de bois énergie forestier officiellement exploité et  commercialisé (mais n’aborde aucunement les quantités exploitées dans le cadre de l’autoconsommation ou de marchés  parallèles) ainsi que les quantités de produits connexes de scierie orientées vers l’énergie, avec toutefois un détail  insuffisant sur les combustibles produits et un niveau d’incertitude associé important.

Du côté de l’énergie, le Service des données et études statistiques (SDES) du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires / Ministère de la transition énergétique (MTECT/MTE) ainsi que l’INSEE réalisent des enquêtes. Le SDES pilote l’enquête annuelle sur la production d’électricité (EAPE) et l’enquête annuelle sur les réseaux de chaleur et de froid (EARCF), qui permettent de disposer de la quantité totale de bois consommée pour chacun des champs concernés sans détail sur la nature des combustibles utilisés (seules les liqueurs noires sont identifiées de manière spécifique). L’INSEE, conduit, d’une part, l’enquête annuelle sur les consommations d’énergie dans l’industrie (EACEI) qui permet de connaître les quantités de bois consommées par chaque secteur industriel, sans détail sur les combustibles (sauf liqueurs noires) et, d’autre part, l’enquête nationale logement (sauf celle de 2020, réalisée par le SDES), conduite tous les 4 à 7 ans, qui permet de connaître les quantités de bois consommées par les ménages, avec la distinction par combustibles (bûches et granulés).

Les enquêtes conduites se focalisent majoritairement sur les ressources ou sur les usages, la grande absente étant l’interface entre les deux, à savoir les combustibles. Il est possible de faire appel à d’autres sources pour tenter de combler les lacunes sans toutefois pouvoir y parvenir parfaitement, ni cerner précisément les doubles comptes. Au titre de ces sources complémentaires, on citera principalement l’ADEME qui, d’une part, dispose de la consommation de combustibles bois des plus importantes chaufferies soutenues dans le cadre du Fonds Chaleur avec un niveau de détail suffisant pour faire le lien entre ressources et usages et, d’autre part, mène des études ponctuelles conduisant à mieux connaître certains gisements et leur valorisation (bûches, bois en fin de vie…).

La problématique actuelle majeure des statistiques du bois énergie est que les données disponibles ne sont pas équilibrées entre ressources, combustibles et usages. Leurs collectes et leurs synthèses sont établies de façon parcellisée, non synchrone et sans coordination entre les acteurs qui les produisent.
Tout travail de réconciliation se heurte à l’obstacle du besoin d’expertise sur chaque donnée prise en compte, ses  incertitudes et les limites de son périmètre que ne peuvent fournir que les spécialistes qui pilotent les enquêtes et les études statistiques correspondantes. De plus, certaines catégories d’entreprises ne sont pas enquêtées et des volumes de bois consommés pour l’énergie ne sont donc pas identifiés ou caractérisés (ceci est notamment le cas pour les produits connexes générés par les entreprises du bois non enquêtées).

La réflexion et l’action collectives sont nécessaires. Les auteurs de l’étude proposent de créer un groupe de travail pérenne, en charge de mettre en œuvre un processus d’amélioration continue des statistiques du bois énergie, afin de produire un bilan ressources / combustibles / usages consolidé et partagé, ayant un caractère officiel et mis en ligne par les ministères concernés et la Veille Économique Mutualisée. Ce bilan annuel devra être assorti des commentaires des personnes qui l’ont élaboré mais aussi de ceux des parties prenantes de la filière, y compris leurs organisations professionnelles. Ces commentaires devront être contextualisés, vérifiant la cohérence entre la progression de l’activité du secteur et de ses marchés, d’une part, et les nombres produits et leurs tendances d’évolution, d’autre part. La  participation active des parties prenantes – parmi lesquelles les opérateurs dont on a collecté des données – à la  validation annuelle du tableau sera nécessaire pour assurer sa légitimité et sa reconnaissance. L’inventaire des imperfections et des zones d’ombres qui demeureront devra être partagé et assumées collectivement, en mettant en perspective les pistes d’amélioration restant à travailler.